dimanche 17 février 2013

CONCLUSION


DES « EUROP-PORTUNITÉS » POUR L’INDUSTRIE DE DÉFENSE ?

Le titre V de la directive 2009/81 sur les marchés publics de défense et de sécurité établit des obligations statistiques « en vue de permettre l’appréciation des résultats » de son application (Art.65). Il s’agit notamment pour les Etats-membres de rendre compte à la Commission du « nombre » et de la « valeur des marchés attribués par Etat-membre ou pays tiers des soumissionnaires retenus » (Art.66). Pour sa part, la Commission réexaminera la mise en œuvre de la directive et remettra « un rapport à ce sujet au Parlement européen et au Conseil le 21 août 2016 au plus tard ». D’ici là, la jurisprudence de la CJUE aura permis de mettre en évidence les failles éventuelles du nouveau cadre et les pratiques non conformes aux termes de la directive.
Quoiqu’il en soit, les retours d’expérience de l’AED, de l’OCCAr ou de la LoI présentent un bilan mitigé, un effet mobilisateur limité. Si l’idée même d’une directive, un temps repoussée par les britanniques – qui ont également boudé l’AED – était jugée trop contraignante, il n’est pas sûr que la directive 2009/81 change un paysage largement façonné par le recours aux exemptions. Les « intérêts essentiels de sécurité » des États membres ne seront pas remis en cause et la possibilité de recourir aux « offsets » demeurera pour le grand export.
Enfin, même si la notion de « préférence européenne » n’a pas été inscrite dans la directive, le considérant 18 a permis à la France de transposer en droit interne la possibilité de fermer ses MPDS à des opérateurs externes à l’Union ou à l’Espace économique européen. Notre pays, rédacteur du projet initial de la directive, devrait donc s’accommoder du nouveau cadre qui est favorable à la politique industrielle et technologique menée jusqu’à présent. Notons par ailleurs que les démarches politiques multilatérales comme le traité franco-britannique du 2 novembre 2010 seront facilitées. Au bilan, l’équipement de nos forces « classiques » devrait bénéficier d’une concurrence de nature à faire baisser les prix et nous pourrons continuer à développer et produire les équipements les plus performants dans les domaines de pointe qui relèvent de notre souveraineté technologique et qui sont nécessaires à notre indépendance stratégique. 
A terme, le retour d’expérience sur l’application des deux Directives du « paquet défense » permettra d’envisager de nouvelles orientations dans le domaine sensible des MPDS. En attendant, nul doute que le nouveau livre blanc sur la défense et la sécurité nationale  (LBDSN) proposera des pistes à même de faire converger les exigences de redressement productif de notre industrie avec les besoins capacitaires de nos forces. Une plus grande ouverture à l’Europe n’est pas à exclure, tant pour optimiser les moyens que pour consolider la BITDE, encore faudra-t-il qu’elle ne pénalise pas nos industries de souveraineté et que nos partenaires consentent aux principes d’une préférence européenne.